Bilans d’évènement
[RETOUR SUR] HN: Entre choc commercial et réforme de l'État : le Vietnam face aux droits de douane américains
Le 28 avril, soucieuse d’être au cœur des débats économiques majeurs qui façonnent l’environnement des affaires au Vietnam, la CCIFV a eu le plaisir d’organiser un petit-déjeuner-débat réunissant deux intervenants de premier plan : M. Jean-Alexandre Egéa, Chef du Service économique de l’Ambassade de France, et Dr Rémi Nguyen, associé chez MLR Constantin et Vice-Président de la CCIFV. Les échanges ont porté sur l’évolution des relations commerciales entre le Vietnam et les États-Unis, ainsi que sur les réformes administratives en cours visant à renforcer la gouvernance et la résilience économique du pays.
Le Vietnam traverse actuellement une période de fortes tensions économiques. D’une part, il est confronté à de nouvelles mesures tarifaires américaines, appliquées via un mécanisme automatique, sans traitement préférentiel. Cela en fait le sixième pays asiatique le plus taxé dans ses échanges avec les États-Unis, un développement majeur pour une économie où les exportations représentent 85 % du PIB. À cela s’ajoute une forte dépendance aux chaînes de valeur mondiales, puisque 54 % des exportations vietnamiennes proviennent de filiales de multinationales. Depuis 2024, les échanges bilatéraux avec les États-Unis ont été multipliés par trois, tandis que les importations en provenance des États-Unis demeurent stables. Cette asymétrie a contribué à un déficit commercial de 137 milliards de dollars pour les États-Unis, le troisième après ceux enregistrés avec la Chine et le Mexique.
Les hausses tarifaires devraient entraîner une baisse de la demande sur les biens non essentiels, perturber les chaînes d’approvisionnement régionales, et accroître le chômage, avec une perte de croissance estimée à deux points de PIB. Le FMI prévoit un ralentissement de la croissance vietnamienne à 5,2 % en 2025, puis 5 % en 2026, remettant en question plusieurs projets d’investissement, tant publics que privés. Face à cette situation, le gouvernement vietnamien a mis en place une équipe de réaction rapide, et entamé des négociations en vue d’une réduction des droits de douane.
Parallèlement à ces enjeux commerciaux, le Vietnam conduit une réforme en profondeur de son administration, visant à bâtir un État plus efficace, transparent et réactif. L’objectif affiché est de réduire les redondances, de simplifier les structures bureaucratiques et de mieux coordonner l’action publique, pour accélérer la prise de décision et améliorer la qualité des services. Ces réformes s’inscrivent dans une stratégie plus large de modernisation, destinée à adapter la gouvernance nationale à la croissance rapide de l’économie et à une intégration mondiale accrue.
En conjuguant réponse commerciale active et refondation administrative, le Vietnam met en place une stratégie double pour protéger sa stabilité économique tout en posant les bases d’une gouvernance moderne, capable de répondre aux défis actuels et futurs. Dans cette dynamique, le Premier ministre vietnamien a annoncé la reprise des négociations commerciales avec les États-Unis, dont la première séance est prévue le 7 mai, marquant une étape importante dans le renforcement du partenariat bilatéral.