Bienvenue au nouvel Ambassadeur de France à Hanoï, Monsieur Nicolas Warnery.

De passage à Ho-Chi-Minh Ville, Monsieur Nicolas Warnery a bien voulu répondre à nos questions, quelques semaines après sa prise de fonctions.

 

M. l’Ambassadeur, vous avez été Consul général de 2004 à 2007, quels changements observez-vous au Vietnam en général et à Ho Chi Minh en particulier ?

Lorsque j’ai quitté Saigon en 2007, la ville était encore un vaste chantier.  Les grues ont cédé leur place à des immeubles modernes qui bordent des avenues élargies et des rues bien éclairées. L’évolution de l’agglomération est frappante et celle de la communauté est tangible.  Il y a 12 ans, les Français du Vietnam étaient, pour nombre d’entre eux, des pionniers. Aujourd’hui, leur nombre a doublé et nous rencontrons déjà la 2e ou 3e « génération » de femmes et d’hommes et d’affaires.

 

Depuis la visite du Premier Ministre français (2 au 4 novembre 2018), quels sont les principaux enjeux de la relation France Vietnam ?

La visite du Premier Ministre a marqué, tant en France qu’au Vietnam, par sa densité, sa durée et le nombre de textes et contrats signés. Les 70 entreprises de la délégation du Medef ont également mené de multiples rendez-vous et ouvert des perspectives très prometteuses. Au-delà du 45e anniversaire des relations diplomatiques franco-vietnamiennes, 2018 a scellé au plus haut niveau de l’État la volonté d’approfondir les relations bilatérales entre nos deux pays. Cette visite faisait suite à la visite officielle à Paris, en mars, du Secrétaire général du parti communiste vietnamien, M. Nguyen Phu Trong. Elle s’est prolongée en 2019 par celle de la présidente de l’Assemblée nationale vietnamienne.

 Je suis très heureux de m’inscrire dans le continuum de cette relation bilatérale, en aval du dialogue politique engagé en 2018.  Nous allons maintenant tisser des partenariats diplomatiques renforcés par l’élection du Vietnam au Conseil de Sécurité des Nations unies qui prendra effet au 1er janvier prochain. En outre, la présidence vietnamienne de l’Asean en 2020 nous donnera de nouvelles opportunités de concertation ou de partenariats stratégiques sur des sujets multilatéraux comme le droit international de la mer ou dans le domaine de la défense et du maintien de la paix.

La coopération franco-vietnamienne est ambitieuse et continue comme en témoigne, notamment, la rencontre à Paris le 28 octobre dernier de M. Tran Quoc Vuong, secrétaire permanent du Parti communiste vietnamien et Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires Étrangères.

 

Comment s’oriente la présence française au Vietnam dans les domaines culturel, économique et social ?

La croissance économique et le doublement de la communauté française au Vietnam en 5 ans ont changé la donne et intensifié la relation entre nos 2 pays. La France est aujourd’hui le 3e bailleur bilatéral du Vietnam en termes d’aide publique après le Japon et la Corée.  Avec le développement du pays, cette relation de proximité est passée d’une aide en dons à une récente politique de prêts, de l’AFD et Proparco principalement, dont les premiers contrats sont actuellement en phase initiale.


Aux côtés de cette contribution contractuelle au développement économique, la culture, la francophonie et la santé sont des axes prioritaires de notre coopération au Vietnam. La formation de la jeunesse nous mobilise. Le Plan Ecole nous demande de doubler le nombre d’enfants recevant un enseignement en français à l’horizon 2030. A Hué, Hanoï et Ho Chi Minh-ville, les lycées d’excellence comptent tous des classes d’enseignement bilingue francophone. Dans le domaine du supérieur nous développons des dispositifs de bourses et d’échanges pour attirer des étudiants en France et nous accompagnons au Vietnam le réseau des alumni formés en France.  Dans ce contexte, en lien avec la nouvelle coopération décentralisée des régions, nous aidons aussi le Vietnam à lutter contre la pollution et relever le défi environnemental qui nous concerne tous.  

 

La présence française culturelle et économique à vocation à s’incarne à travers le projet Espace France, comment évolue t –il ?   

Emblématique de notre relation bilatérale avec le Vietnam, Espace France, notre projet partenarial avec la CCIFV,  a vocation à réunir au Centre de Saigon les équipes et  actions de l’IFV et de la Chambre. Nos plus hauts dirigeants y tiennent, du côté français comme du côté vietnamien.

Les deux chefs d’Etat ont signé une déclaration commune en mars 2018, dont certaines modalités techniques sont encore en discussion avec les autorités vietnamiennes. Cette phase diplomatique, qui peut sembler lente, s’apparente aux longs délais de négociations des projets d’infrastructures internationaux. Les projets commerciaux entre entreprises françaises et vietnamiennes sont généralement plus rapides. Nous veillons à son aboutissement.

 

Quel impact de l’EVFTA pour la France à court terme ?

La prochaine échéance de l’accord commercial qui doit supprimer 99 % des droits de douane sur les échanges de biens entre les membres de l’ Union européenne et le Vietnam est sa ratification, prévue en février 2020.

Avec les services de l’ambassade et nos partenaires, nous allons travailler à deux niveaux :

  • en amont, pour aider le Vietnam à se préparer à la ratification au Parlement européen  
  • en aval,  pour aider les entreprises candidates à tirer le meilleur parti de l’accord dans les années à venir.

 

Un conseil aux membres de la CCIFV ?

Cette dernière question nous renvoie à la 1ère !  En 2007, lorsque j’ai quitté le Vietnam, la CCIFV comptait 50 membres. Aujourd’hui, avec plus de 280 membres, elle reflète l’évolution du pays.
Mon conseil : travaillons tous ensemble, coalisons nos efforts au sein de la chambre, avec les CCEF et tous les acteurs de la communauté française pour gagner les batailles de la compétition internationale. Les opportunités sont plus grandes que jamais, et l’opiniâtreté paie comme en témoignent les succès dans tous les domaines de nos entreprises !

Interview réalisée le 25/10/2019 par Rose de Champeaux – Directrice de la CCIFV

Eléments biographiques extraits de la Notice du Ministère des Affaires étrangères

Né en 1962, Nicolas Warnery est marié et père de 4 enfants.  Après des études à l’Institut d’études politiques de Paris, à l’Université de Paris-Panthéon-Sorbonne puis à l’Ecole nationale d’administration (promotion « Liberté, Egalité, Fraternité », 1989), Nicolas Warnery débute sa carrière au sein des services du Premier ministre et rejoint le ministère des Affaires étrangères en 1993 à la Direction des affaires stratégiques, de sécurité et du désarmement. Il est nommé, en 1995, Deuxième conseiller à l’Ambassade de France à Zagreb avant de servir, à compter de 1999, en tant que sous-directeur de la sécurité et de la protection des personnes à la Direction des Français à l’étranger et des étrangers en France. En 2002, il devient le Chef de cabinet de Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères. Nicolas Warnery occupe ensuite les fonctions de Consul général à Ho-Chi-Minh Ville de 2004 à 2007, avant de devenir Directeur des systèmes d’information du ministère des affaires étrangères. En 2011, il est nommé Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire au Togo. Il est ensuite Inspecteur des affaires étrangères à Paris de 2014 à 2016 et Directeur des Français à l’étranger de l’administration consulaire de 2016 à 2019. Par décret du 26 juillet 2019, Nicolas Warnery a été nommé ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française auprès de la République socialiste du Vietnam. Il a pris ses fonctions à Hanoï le 5 septembre 2019. Nicolas Warnery est Chevalier dans l’Ordre national du Mérite et dans l’Ordre national de la Légion d’Honneur.

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