Analyses & Etudes

Développement durable : de l’engagement à l’action

L’Agenda 2030 des Nations unies place les entreprises au cœur du développement durable. Elles sont déterminantes pour mettre en place des innovations responsables. Mais le Vietnam peine à sensibiliser et mobiliser ses entreprises, au risque d’être lourdement pénalisé dans le futur.

La fin 2015 a ouvert de nouvelles perspectives pour aller de l’avant et améliorer la vie des populations partout dans le monde. En septembre de cette année, 193 pays des Nations unies ont adopté les 17 Objectifs de développement durable (ODD), et le 12 décembre suivant, ce fut la signature des Accords de Paris sur les changements climatiques. Une rampe de lancement sans précédent pour faire de 2016 une année charnière en matière de développement durable.

Mais il y a cependant un bémol. L’hésitation et un manque clair de compréhension sur les enjeux du développement durable de la part des entreprises vietnamiennes inquiètent non seulement les experts, mais aussi les politiques. «La question du développement durable au Vietnam doit relever des défis, et passer du stade de la réflexion à une action concrète», a affirmé le vice-Premier ministre Vu Duc Dam, président du Conseil national du développement durable et de l’amélioration de la compétitivité nationale.

Le chef adjoint du gouvernement a conduit personnellement de nombreuses interviews de chefs d’entreprise sur les ODD. La plupart d’entre eux les connaissaient, mais peu savaient que ces 17 objectifs se subdivisent en 169 cibles, reliées très souvent entre elles. 

Comment inciter et stimuler l’innovation ?
 

Il est possible de connaître le classement du Vietnam en la matière, et ce, via l’indice mondial de compétitivité (CGI). Mais il y a un problème de taille. «Beaucoup de gens croient que le développement durable est maintenant sous la responsabilité de l’État. Mais même au sein des ministères et des organismes, ces indicateurs ne sont pas bien compris et appliqués correctement», a souligné Vu Duc Dam. En effet, le GCI est composé à lui seul de 114 indicateurs, rendant la tâche compliquée. 

Les services en question sont de ce fait responsables du manque de conscience des entreprises sur les questions du développement durable. Selon le classement de l’Indice mondial de l’innovation (GII) 2016, publié par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), l’Université Cornell et l’INSEAD, et réalisé à travers 128 pays, les ministères et les services vietnamiens n’arrivent pas toujours à évaluer correctement les champs possibles d’amélioration. Les entreprises ne considèrent pas la croissance verte ou les nouvelles technologies comme éléments pour augmenter la valeur ajoutée de leurs produits et services. Et qui plus est, aucune politique n’est mise en œuvre pour inciter et stimuler l’innovation. Des obstacles pour le Vietnam s’il désire rattraper les pays plus développés. 

Critères communs des entreprises
 

Interrogé sur l’importance du développement durable pour les entreprises, Malcolm Brinded, membre du conseil d’administration de la compagnie pétrolière anglo-néerlandaise Shell, a affirmé que l’entreprise qui ne s’y intéressait pas ne pourrait pas exister longtemps. Il a estimé que le développement durable n’était pas «un des choix mais la seule voie pour permettre aux entreprises d’avancer». 

Par exemple, l’«Initiative Ciment» (Cement Sustainability Initiative - CSI) du Conseil mondial des entreprises pour le développement durable est une certification mettant en avant les avantages concurrentiels liés au développement durable de certaines cimenteries par rapport aux autres.

Unilever Vietnam a intégré les questions de durabilité dans la gestion de ses marques et sa politique d’innovation, et ce, pour favoriser la croissance. La consommation de matières premières locales a augmenté, et les marques labellisées comme durables ont connu une embellie. «Elles se sont développées plus rapidement, à hauteur de 30%, que les autres marques de l’entreprise», a partagé Trân Vu Hoài, vice-président d’Unilever Vietnam. Et d’ajouter que «depuis 2008, nous avons réussi à économiser plus de 600 millions d’euros cumulés grâce à une meilleure efficacité de nos usines, en réduisant les déchets et la consommation d’énergie, de matières premières et de ressources naturelles». Une manière d’assurer la rentabilité tout en collaborant avec les consommateurs. 

Il est un fait cependant : les entreprises à participation étrangère sont mieux préparées pour mettre œuvre de nouvelles politiques que celles vietnamiennes. Que faire alors pour les intéresser, et les sensibiliser aux opportunités qui leur sont offertes ? 

Selon le vice-Premier ministre Vu Duc Dam, le gouvernement doit, d’une part, veiller à améliorer l’environnement des affaires et, d’autre part, appeler les entreprises à prendre des mesures. «Il est temps d’agir. À côté de leurs intérêts, les entreprises ne peuvent pas être se montrer indifférentes aux 17 Objectifs de développement durable, et à leurs 169 cibles. Il s’agit là des contributions pratiques au développement durable du pays», a-t-il indiqué. 


Source: Vietnam +

Partager cette page Partager sur FacebookPartager sur TwitterPartager sur Linkedin